mardi 3 janvier 2017

MANIEMENT DES COULEURS - DEUXIEME PARTIE

maniement des couleurs
du déclarant
(deuxième partie)

I.                   RECOMMANDATIONS

·         Le déclarant doit veiller à ne pas dévoiler son jeu, voire, si possible à tromper l’adversaire. Ex : jouer l’As, quand on a AR. Autre exemple :
V 9 7                                                           Sur l’entame de l’As, je joue le 7 du mort, puis …la D, si je souhaite
D 5                                                              que l’entameur ne continue pas dans la couleur (parfois ça marche).

·         Bien regarder les cartes jouées par l’adversaire, en particulier la signalisation en pair impair, que certains pratiquent sans discernement.
D 8 6                 Vous posez l’As, sur lequel l’adversaire à votre gauche joue le 2. Il y
A R 5 4             a une chance raisonnable pour que la couleur soit répartie 3/3. Par
                          contre, si on joue le 10, c’est sans doute du 4/2.

·         Ne pas négliger les cartes aux chiffres élevés (10, 9, 8), qui font tomber des honneurs
9 8 6                  Trois honneurs dehors et pourtant une bonne chance de deux, voire
R 10 7 5            trois levées, avec l’impasse forçante renouvelée.

II.                DEUXIEME SERIE DE PRINCIPES.

·         Jouer en sécurité. Il faut conserver du mieux possible le contrôle de la couleur, comme pour le coup à blanc.
A R 10 6           On joue l’As d’abord pour conserver la maîtrise avec la fourchette
D 9 5 2              dans chaque main

·         Avec un nombre impair de cartes (7, 9, 11), quand il manque l’honneur intéressant, on joue « en tête » c’est-à-dire les honneurs maîtres d’abord. Avec un nombre pair de cartes (6, 8, 10), on fait l’impasse.
§  Il manque le V (6, 7 cartes)
A R 10 6                                                                         A R 10 6
D 2                                                                                 D 5 2
(impasse)                                                                        (ARD)

§  Il manque la D (8, 9 cartes)
A V 5 4 3                                                                       A V 5 4 3
R 9 7 2                                                                            R 7 2
(AR)                                                                               (impasse)

§  Il manque le R (10, 11 cartes)
A D 8 7 5                                                                       A D 8 7 5 3
V 6 4 3 2                                                                        V 10 9 4 2
(impasse)                                                                        (A en tête)




·         Ne pas oublier qu’en jouant un honneur pour une impasse forçante, on risque de perdre deux honneurs, un dans chaque main. Il est parfois préférable, en fonction de la forme de jeu et des communications, de faire deux fois l’impasse directe.
A D 10 4           Si le R est second en Ouest, on fera 4 levées au lieu de 3 avec
V 6 2                 l’impasse forçante.

·         En cas de contre-attaque, laisser courir vers l’honneur le plus éloigné.
D 8 2                 Si Ouest joue, posez le 2 du mort.        D 8 2                       D 8 2
R 9 5                 Si c’est Est, jouez votre 5                     A 9 5                       V 9 5                      
·         Tant que, à SA,  les levées nécessaires ne sont pas assurées,

§  Eviter de jouer dans la longue entamée par l’adversaire, si on n’en a pas la maîtrise complète
8 6 4                  Vous avez pris de l’As. Ne vous empressez pas de faire votre R.
A R

§  Ne pas tenter l’affranchissement de couleurs trop courtes
R V 8                Il est bien sûr possible de faire deux levées dans cette couleur ;
D 9 2                 mieux vaut cependant arrêter à la première, si l’As n’est pas joué. On risque en effet d’affranchir cette couleur au profit des adversaires. Attendre donc d’avoir affranchi les autres couleurs.

·         Ne pas insister pour faire tomber les atouts, si la répartition s’avère très mauvaise. On risque de se retrouver à un jeu de SA, qu’on ne maîtrise pas.

·         Avec au moins huit cartes et deux honneurs maîtres, tenter deux coups de sonde, plutôt qu’une impasse.
V 10 8 2            L’impasse indirecte ferait perdre une levée dès le départ, alors qu’il

A R 4 3             est possible que la D soit seconde. 

MANIEMENT DES COULEURS DU DECLARANT

maniement des couleurs
du déclarant

I.                  Définition.

Le maniement des couleurs est une technique qui, statistiquement (donc sans information complémentaire), s’avère le meilleur moyen de faire le maximum souhaité de levées dans la couleur concernée.
Le joueur émet une hypothèse sur les mains adverses, en fonction de ses besoins, mais en tenant compte des probabilités (hypothèse de nécessité). C’est le cas pour les impasses, mais aussi dans bien d’autres situations.
Exemples :
D V 8 6      En jouant deux fois vers DV, on         V 7             En commençant petit vers V
                   fera l’un des deux si les honneurs                           je ferai 3 levées si la D est en
7 4 3           sont répartis, et une levée de plus,         A R 4 2      Ouest, et peut-être une de plus
                   si les cartes adverses sont 3/3                                   si Ouest retient sa D 3ème

II.               Quelques termes « techniques ».

·         Coup à blanc.
Il consiste à donner une levée perdante à l’adversaire pour conserver la maîtrise de la couleur.
A R 7 6      Qu’ils soient 3/3 ou 4/2, les adversaires feront toujours une levée. En jouant le
                   coup à blanc, je me garde une chance de faire 3 levées, Je n’insisterai pas si sur
8 5 2           l’As et le Roi l’un des joueurs ne fournit pas (répartition 4/2)

·         Honneurs équivalents.
Le joueur qui a dans sa main trois honneurs qui se suivent, par exemple ARD, ou bien DV10, peut jouer indifféremment l’un ou l’autre, avec la même conséquence pour la levée. On dit que ces honneurs sont équivalents. La façon de jouer, en particulier en défense, peut éclairer sur l’existence ou non d’honneurs équivalents. Le rôle du déclarant est au contraire de tromper l’adversaire.

A R 3 2      L’adversaire en Ouest a joué cette couleur ; son partenaire, en troisième position joue le V. Si, en Sud, vous jouez votre As au lieu du R, que peut en déduire Ouest ? Que son partenaire possède encore RD, cartes équivalentes au V.

·         Coup de sonde
A V 8 6        Cela consiste, avant de faire une impasse, à jouer un honneur maître pour le cas où l’honneur « prédateur » serait sec.
R 7 3            On joue d’abord le Roi, puis on fait l’impasse prévue

·         Principes
Dans la suite, nous parlerons de principes de jeu. Ce ne sont, en aucune façon, des règles à appliquer impérativement. Ils sont basés sur des statistiques.. comme les sondages. On aura simplement mis les chances de notre côté, et les autres ne devraient pas faire mieux.



III.           Une première série de principes.

·         Ne pas gaspiller les communications

A 8 6 2       Vous n’avez qu’une seule entrée au mort, alors que deux vous seraient bien utiles.
D 8 6          Pourquoi la gaspiller pour une impasse forçante qui ne marche qu’à 50%. ?
                   Ici, l’As de P vous serait indispensable par ailleurs. Jouez donc AC puis 4 vers la
4 3              Dame pour éliminer les atouts (C atout).
A V 10 5 4

·         Priorité Honneur de la main courte (petit vers l'honneur).

R 5             6 vers le R … puis le 5 vers la fourchette D 10.
                   L’hypothèse de nécessité pour faire 2 levées est que l’As est en Ouest et le V en
D 10 6        Est.
                   Dans la mesure du possible, on joue toujours petit vers l’honneur

·         Maniement des honneurs.

A D            Avec des honneurs équivalents, jouer d’abord les plus gros de la main courte, ici
                   l’As puis la D prise du Roi.
R V 10 2    Il faut absolument respecter cette règle, qui permet d’éviter les blocages sur la main courte.

·         Honneurs groupés

V 8 6     Jouer autant de fois que possible vers       R D 5 2 On suppose l’As en Ouest et on
                   les honneurs groupés visibles, quand                      joue 4 vers R, puis 6 vers D.
R 3 2          il manque l’As (2 vers V, puis …3            8 6 4      Une chance de faire 3 levées.
                   vers D)

·         Le cas de D,V répartis.

D 5             Si dans une couleur, vous avez            V 6 3          Laissez alors venir vers
                   cette forme de main, n’y touchez                            l’honneur le plus éloigné. Vous
V 6 2          pas. Attendez que l’adversaire la joue D 8 4          ferez une levée

·         L’as dans un désert.

A 8 6 4                                                                    Vous avez absolument besoin de 2 levées dans cette couleur. Hypothèse de nécessité : répartition 3/3. Jouez un coup à blanc ( 2 vers 4) et quand
  7 3 vous reprenez la main As puis 6. Vous ferez la 4ème levée. Ceci doit bien sûr être réalisé tant que vous avez la maîtrise du jeu par ailleurs, donc le plus tôt possible.



HONNEUR SUR HONNEUR

CARTES A JOUER EN DEFENSE
(honneur sur honneur)

Encore un slogan bien connu des bridgeurs et, parfois, très mal appliqué.
1.     Le principe
Lorsque le déclarant joue un honneur de sa main ou de la main du mort, le joueur situé en deuxième position doit couvrir, c’est-à-dire jouer, s’il en a la possibilité, un honneur non maître, supérieur à celui qui est sur la table.
D 8 6                                                                                   A 4 2
                R 9 5                                                R 8 7         
                                                                                            V
2.     Pourquoi couvrir.

Ø  Pour éviter que le déclarant fasse des levées inespérées

                A 8 6                                                Si on ne couvre pas, le déclarant en
R 10 8                         V 9 7                             Sud fera deux levées
                D 4 3

Ø  Pour se donner ou donner à son partenaire une chance de levée

                A V 4 3                                                               V 8 7
R 10 9                                                              9 5 4 3                           D 3
                D 6                                                                      A R 10 2

Ø  Pour que le déclarant perde deux honneurs en une seule levée

                A V 10 2                                                             A 6 4 3
R 5                                                                   R 9 4
                D                                                                         D

3.     Pourquoi ne pas couvrir.

Ø  Lorsque toutes les cartes maîtresses en dehors de la mienne sont chez l’adversaire

                A V 10 9                                          Si par chance la D est sèche, je ferai
R 8 6                                                                mon R. Si je joue le R, tout est perdu.
                D

Ø                         Lorsque le déclarant risque de perdre son contrat en perdant l’impasse
                A D 4         Je sais que si Est prend la main, le déclarant, qui a déjà 8 levées
R 8                              (à 3 SA) perd son contrat. S’il gagne l’impasse, il fait +1.
                V                Laissons le souffrir et restons zen (pas d’hésitation surtout, d’où
                                   l’intérêt de toujours anticiper)




Ø  Lorsque le nombre de cartes est suffisant pour garantir la sécurité de l’honneur.

                A D 7                                                                  V 4
R 8 6 4                                                                                                   R 8 7 2
                V

4.     Lorsque le mort joue

Ø  Je couvre ce qui s’apparente à une impasse forçante 

10 8 4                                            10 8 5 4                         Par contre, sur le 4, je joue
                D 7 2                                                R 2             petit dans les deux cas.

Ø  Je couvre le DEUXIEME honneur joué

                D V 7                                                                  V 10 4
                                   R 5 2                                                                   D 8 6

Ø  Je ne couvre pas pour gêner l’affranchissement d’une longue

                D 9 7 3 2                                                             D 9 7 3 2
10 8                            R 5 4                             V 10 8                           R 5 4
                A V 6                                                                  A 6
Dans le premier cas, si je couvre, il fait toutes les levées (cinq)

5.     Lorsque le déclarant joue

Ø  Je couvre pour donner une chance à mon partenaire

                A V 10 4                                                             A D 5 3
R 6 2                                                                R 6 2
                D                                                                         V
Ø  Je ne couvre pas, car mon honneur a toutes ses chances

                A 6                                                                      A 10 7
R 8 4                                                                R 8 6 4
                D                                                                         D


NOTA : En grisé, des cartes non visibles, mais possibles

CARTES A JOUER EN DEUXIEME POSITION

CARTES A JOUER EN DEFENSE
(en deuxième position)

« Petit en second, gros en troisième »

« Petit en second » est bien un principe à appliquer lorsque, en défense, on se trouve en deuxième position. Comme pour le « gros en troisième », ce principe n’est pas un oukase et doit donc être respecté intelligemment.

1.    La deuxième position.

Le joueur est en deuxième position dans deux cas :
-          lorsque le mort joue la 1ère carte de la levée,
-          lorsque c’est le déclarant qui joue la 1ère carte.
Le principe est le suivant :
-          sur une petite carte, une petite (sans chercher à couvrir)
-          sur un honneur, un honneur maître pour faire la levée.
-          sur un honneur, un honneur non maître plus fort (honneur sur honneur)

2.    Après une petite carte adverse

Ø Devant le mort
                    9 6 4           Il ne s’agit pas de sauver les As, mais de laisser faire la
A 7 2                              levée par le partenaire (il s’agit sans doute d’un coup
                    3                 à blanc).

                    R 5                           Pas question d’offrir le R et la D à l’adversaire
A V 8 6 4                       X X X
                    D X 3

                    R V 10 7 3                    Jouez le quatre sans hésiter ; le déclarant
A 9 4                              D X X        tentera l’impasse et vous ferez 2 levées.
                    2
Exceptions :
ü  on a la chute en main ; on prend la levée
ü  ou bien :

D 3               Si je laisse passer, je ne ferai plus de levée
R 10 5 2
                          A 7 6

                          10               Je ne laisse pas courir vers ce singleton au mort, dans
A 8 4 2                                 l’espoir hypothétique d’une levée par le partenaire.
                          3



ü  ou alors
§Intercaler

R 9 5            Si l’adversaire passe le 9, sur votre 3, il fait la levée
D V 3                                   et vous, aucune
                          A 10 2

§mais ne pas intercaler

A R 10 7      On se fait tout petit, en jouant le 6 « dans le tempo »,
D V 6                                   c’est-à-dire sans hésiter                       
                          4
§couper les communications

                          R D 10 9 3                    Le 7 du partenaire indiquera que le déclarant
A 8 4 2                                 7 5              n’a que 2 cartes. Je prendrai donc au 2ème tour.
                          V 6
§tenter un sauvetage difficile.

                          R V 5           Il est probable que le déclarant a l’intention de faire
A D 3                                   l’impasse, ce qui dévoilera mon jeu. Autant jouer l’As,
                          6                 pour avoir une chance de faire ma D.

Ø derrière le mort

On applique les mêmes règles, mais avec plus de réflexion

ü  Sur une petite carte

8 5 4                                     On passe petit. A SA toutefois, pour sauvegarder
                          A 7 3          une rentrée de votre partenaire et finir d’affranchir
                          R 6 3          sa couleur, vous devez prendre (cas exceptionnel)
                          D 6 2

D 10 3                                  Le déclarant joue sans doute vers son R. Laissons le
                          A V 9 4      faire et attendons la D.

5                                           Ne pas faciliter l’affranchissement de la couleur, même
                          A 9 4 2       avec un risque de coupe.
(couleur annoncée par Sud)

ü  Sur un honneur adverse

D V 10 9 8                           Prendre s’il y a un risque de coupe, sinon attendre
                          A 7 3          l’information du partenaire  (nombre de cartes ou R)


NOTA : Le cas  « honneur sur honneur » fera l’objet d’un cours à lui tout seul


x : carte jouée             x : carte à jouer